16.03.2024 / Festival des Vieilles Barriques

POLTERGEIST

Venue
Festival des Vieilles Barriques
Saignelégier
Artist information
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« Il y a des acteurs qui prennent la lumière, et d’autres qui n’impriment pas la pellicule » disait Jean-Pierre Mocky.

Poltergeist, l’artiste, possède cet étrange pouvoir d’attraction. Dès qu’Ari Girard parait, il se passe quelque chose. Pas que ce môme de tout juste vingt ans en impose physiquement sous sa coupe de Peaky Blinder et son allure d’enfant sage. Mais il capte la lumière et frappe les esprits. Va savoir pourquoi.

Sa musique peut-être ? Ari semble avoir creusé des millions de microsillons pour les remixer à sa sauce électro. Dans son histoire de fantômes, il convie Joy Division, New Order, Talking Heads, The Cure, Can, Kraftwerk, Nine Inch Nails ou Jeff Mills. Au banquet des Poltergeist se croisent les corbeaux de la cold wave et les barbares du krautrock, les métallos du rock indus et les freaks de la techno.

L’épicentre, c’est Berlin. Le mur, le Gotham interlope de Lou Reed, la trilogie de Bowie/Eno, les nuits toxiques des clubs underground… Seul avec sa guitare et ses claviers/machines, Poltergeist suggère tout cela par la puissance d’un set d’une heure tiré à quatre épingles. Ambiance lourde et dark, ample et majestueuse comme du Wagner.

Effet Poltergeist encore ? On ne peut qu’être frappé par la rigueur toute germanique, l’intensité et la carrure de ses performances eu égard à son jeune âge. « Ça vient sûrement de ma formation au Conservatoire » explique modestement le petit prodige.

Mais attention, un Poltergeist peut en cacher un autre. Il serait erroné de réduire la bête de scène à un animal à sang-froid, à un humanoïde pour transe martiale et désincarnée. « Non, c’est l’inverse. Ce qui imprègne, c’est le côté émotionnel, ce qui fait que l’on accroche ou pas. Et ça, ça ne s’apprend pas ».

Fou de musiques. Toute la musique qu’il aime, elle vient de là… Alors que ses parents sont plutôt punk et rock français, le petit Ari ne jure que par le jazz, le blues et le rythm’n’blues, « Ray Charles, Aretha Franklin, Sam Cooke… » L’électro vient à l’adolescence lorsqu’il se prend Prodigy en pleine face. Puis c’est le cheminement vers New Order, Talking Heads, Kaftwerk ou Rodolphe Burger, qui fonde son style identifiable entre mille. Même s’il est étiqueté « cold wave », l’étendue de sa culture musicale impressionne. Punk, post-punk, metal, pop, trip-hop, goth… ce fou de musiques ne s’interdit rien et donne le sentiment d’avoir tout écouté en si peu d’années. Jusqu’au classique de son enfance. « Je rêve d’un quatuor à cordes ».

Propos recueillis et écrit par Marco Dazy (Rockenblog).

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