23.11.2012 / Neo

Charles Berling

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www.charlesberling.fr
Venue
Neo
Centre réformé - Delémont:
www.letempsdescerises.ch

On peut être grand comédien et jeune chanteur. La gloire du comédien au théâtre et au cinéma, la reconnaissance du metteur en scène, tout cela n’empêche pas Charles Berling d’être débutant - fièrement débutant. Avec le mélange singulier d’ambition et d’humilité qui anime les commencements d’un artiste, il a donc intitulé son premier album « Jeune Chanteur ».

Peu importe la notoriété et le chemin déjà parcouru : il lui fallait reprendre le fil abandonné là où il a commencé son ascension de comédien. Car c’est en chantant qu’il a connu les planches, à quatorze ans. Puis il a écrit des chansons, s’est produit dans les comédies musicales de la Troupe des Mirabelles – tout ce qu’il appelle sa « formation belge », pluridisciplinaire et éclectique.

« Passé quarante ans, j’ai voulu retrouver ce plaisir ». Le retour a été progressif. Il s’intéresse de nouveau aux chansons, reprend le cours de chant, recommence à écrire des paroles.

Pour tous les textes qu’il a écrit, il a demandé des mélodies au gré des amitiés et des rencontres : Carla Bruni, le maître de la pop Bertrand Burgalat, le guitariste Romain Pinsolle du groupe Hangar, les compositeurs rock Phillipe Jakko et Fabien Cahen, le comédien-accordéoniste Gérard Barreaux pour une déchirante chanson intitulée La Mort «  le dernier enregistrement de sa vie ».

Pour passer de l’art du comédien à celui de chanteur, il n’a pas pris le raccourci conventionnel du parlé-chanté. Non, Berling chante. Il chante avec une palette riche, des élans francs, des émotions limpides. «  Tout le travail est de faire en sorte que l’interprétation passe par la musique et pas seulement par les mots ». Il veut que la voix porte distinctement «  des lassitudes , des tristesses, des combats, des déflagrations, une femme qui sort d’un lit, un sentiment d’injustice, des envies de mourir, des félicités légères… »

A l ‘écoute de l’album Jeune Chanteur, c’est ce que l’on entend : «  des petits sentiments et d’immenses sentiments ». La réalisation de Regis Cessarelli joue de ces variations –là : la douceur des confidences, l’ampleur des grands gestes, l’urgence des plaisirs… Et Charles Berling est impatient de porter ses chansons neuves à la scène : « Débuter me ramène aux premières valeurs d’une vie d’artiste : la liberté, le combat, l’acceptation de soi-même. Je vais au-devant des concerts avec un trac terrible et j’y trouve un plaisir extraordinaire. Si on compare avec le travail de comédien, chanter met beaucoup plus à nu. Et il faut se déshabiller pour faire l’amour. »

Fils d'un médecin et d'une enseignante, Charles Berling se produit au sein de la troupe de son lycée de Toulon avant de suivre une formation de comédien à l'Insas à Bruxelles. S'il se consacre essentiellement au théâtre dans les années 80 -en particulier dans le cadre du TNS dirigé par Jean-Louis Martinelli-, et fait sa première apparition à l'écran en 1982 dans Meurtres à domicile. Par la suite, on le remarque en fils rongé par le ressentiment dans Petits arrangements avec les morts, premier opus de Pascale Ferran en 1994, et en époux d'Emmanuelle Béart dans Nelly et Monsieur Arnaud, film - testament de Claude Sautet en 1995.

Charles Berling accède à la notoriété en 1996 grâce à son rôle de Marquis candide dans Ridicule de Patrice Leconte, avec à la clé une nomination au César du Meilleur acteur. Héros d'un remake de Jules et Jim pour le petit écran, il est au coeur de deux autres trios amoureux, Love etc. et le corrosif Nettoyage à sec d'Anne Fontaine, dans lequel il campe un mari frustré en 1997. Prof de philo pris de frénésie sexuelle dans L'Ennui de Cédric Kahn en 1998, le fiévreux Berling incarne la même année un des passagers de Ceux qui m'aiment prendront le train, oeuvre polyphonique de Chéreau et passe derrière la caméra (le court métrage La Cloche).

Après avoir prêté ses traits à Pierre Curie (Les Palmes de M. Schutz), Charles Berling, de plus en plus sollicité, trouve un de ses plus beaux rôles, celui d'un Pasteur charentais, dans un autre film d'époque avec Isabelle Huppert : Les Destinées sentimentales (2000) d'Assayas, qu'il retrouvera sur Demonlover puis L'Heure d'été. Si cet amoureux du verbe s'illustre parfois dans la comédie (Cravate club qu'il joua au théâtre, Père et fils de Boujenah en 2003), il affiche une prédilection pour les personnages ambigus et les univers troubles, comme en témoignent ses prestations dans La Comédie de l'innocence de Ruiz, le thriller Scènes de crimes, Comment j'ai tué mon père, face-à-face glaçant avec Michel Bouquet en 2001 ou encore L'Homme de sa vie, histoire d'un amour homosexuel. Citoyen engagé, Berling apparaît en 2005 dans une fiction sur Ben Barka et apporte son concours à des docus sur le climat (la vf d'Une Vérité qui Dérange) et le sort des clandestins (En terre étrangère, 2009). En 2010, il est le mari manipulé de Laura Smet dans le thriller de Gabriel Le Bomin: Insoupçonnable.


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